vendredi 20 avril 2012

Salaire Suisse : Non, nous ne sommes pas chanceux

Ahhhh la Suisse.
Depuis fin janvier, mari chéri est au chômage. Une situation que nous connaissions déjà et dont nous étions tout de même heureux d'être sorti juste avant la naissance de Fils d'amour.

Lorsque mari chéri avait trouvé son nouvel emploie il y a un peu plus d'une année, c'était l'occasion en or pour déménager, prendre un apparte plus chouette que notre 3 pièces dont les murs ressemblaient de plus en plus à l'habitat des Tortues Ninjas. Oui, tout pourri !

C'est que son salaire nous le permettait.
Je pouvais me permettre de rester à la maison pour m'occuper de Fils d'amour.
Même si je trouvais que c'était quand même la moindre des choses dans un pays qui prône les valeurs de la famille, j'estimais que nous étions un peu chanceux quand même. Un peu.

Aujourd'hui, j'aimerai pouvoir continuer à rester à la maison.
Pourtant, je soupçonne les patrons suisses d'en avoir décidé autrement et de se frotter les mains avec ces histoires d'égalité entre homme et femme.
Bien sûr, je suis pour cette égalité. Bien sûr, chaque femme a le droit d'exercer un métier, de faire carrière et tout ça, qu'elle ai des gosses ou pas.
Sauf que, le retour de manivelle se fait sentir. Enfin, je ne fait qu'observer, dans mon petit coin de foyer.

Hier, mari chéri a passé un entretien d'embauche. Pile dans sa branche, à 10 min de chez nous dans une petite boîte qui semblait de l'extérieur fraîchement rénové. Comme souvent, tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau, et "Wouah votre CV est impressionant" .
Arrive l'instant de la question piège du "Vos prétentions salariales ? "
Pour commencer, je déteste ce mot "prétentions", tout de suite ça devient gênant, prétention, prétentieux. Si le terme était changé en "besoin salariale", là tout de suite, je me sentirai à l'aise. Car dans le cas présent, je crois qu'ils ne connaissent pas les "besoins" d'un père ou mère de famille en Suisse qui serait la seule personne ayant un revenu. Car, n'oublions pas qu'il y a aussi les parents solos.

Alors, mari chéri, plutôt réticent, leur présente ses prétentions salariales , le montant de son dernier salaire en somme. Réticent car on lui a souvent fait comprendre qu'il ne fallait pas qu'il rêve trop. Et une fois de plus, la DRH l'a regardé d'un air choqué et navré à la fois.
Elle proposa le montant dicté par l'APIC (Association patronale suisse des industries microtechniques et de l'habillage horloger) dont l'entreprise est membre : 3'200 CHF brut (environ 2'666 € voir le petit NB en fin d'article pour les non-Suisse).
Mari chéri grimace. C'est tout bonnement la moitié de son dernier salaire. 



Et c'est là qu'on arrive à mon rapprochement avec la fameuse égalité homme-femme. Parce que les patrons l'ont bien compris. Madame veut bosser, chouette. Monsieur bossera aussi car c'est encore ancré dans l'inconscient collectif. Monsieur gagnera souvent mieux que Madame donc pas de prise de bec à la maison. Bah oui, le patron pense à notre couple. L'égalité, ok, mais faut pas déconner quoi.
Donc, si Madame et Monsieur travaillent, pas besoin de se tracasser , on divise le salaire par deux. Pourquoi aurait-il besoin d'avoir chacun un salaire suffisant à faire vivre une famille. 


Vous vous dite que je vais chercher trop loin ? Et bien détrompez vous, c'est indirectement l'argument qu'a pondu la DRH pour que mari chéri comprenne que si il avait une femme qui bossait, bah ce serai pas un problème ces petits 3'200 balles. 


Bien sur, ce n'est pas la seule raison d'un salaire aussi bas. Il y a les frontaliers, l'âge et... Et quoi? Et ceux qui accepte encore de travailler pour ce prix.

Je pensais reprendre une activité lorsque Fils d'amour débuterai l'école...
Vont-ils réussir à déjouer mes plans?

La suite au prochain épisode !

NB : 3'200 Chf = 2666 € = salaire tout pourri, pourquoi? Parce les frais d'une famille de 3 personnes s'élève à environ 2178€ (loyer, électricité, assurance maladie obligatoire) et je ne compte pas la bouffe, vêtement, abo de train, abo de téléphone... etc! Les 2666€ brut ça nous donne un 2250€ net environ.
Le calcul est vite fait : 2250-2178= 72€ pour manger s'habiller et s'offrir un café...

10 commentaires:

  1. Ah oui, la vie est carrément plus chère que par chez moi alors. (je m'en doutais vaguement, mais bon, dans le fond, je ne connais pas du tout la Suisse.)
    Et c'est juste tout pourri comme argument, de dire "ben votre femme n'a qu'à travailler, vous aurez, à deux, la somme que vous demandez." :(
    (sans compter que si tu travailles, ça vous rajoute des frais en plus...ça change la donne. )

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    1. sont pas fort en équation à mon avis ! Heureusement, je pense qu'ils ne sont pas tous comme ça, enfin, je pense...

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  2. J'hallucine que le DRH ai osé balancer un argument pareil, trop nul, il assume pas du tout que son entreprise n'ait pas les moyens d'offrir un salaire juste alors hop un argument pour culpabiliser le travailleur !
    pour moi c'est comme la question de l'enfant : "vous êtes jeunes mariés/pacsés, pas d'enfants, vous allez en faire un, deux... ? quand ? surement très vite..." ou "vous dépassez la trentaine, pas d'enfant/un seul, ça va vous démangez non ?..." je caricature à peine... tout cela est intrusif et hypocrite !
    Un jour on nous dira, "attendez vous avez la chance de vous rendre utile alors notre proposition (à bas prix) est très intéressante" ...
    on est vraiment arrivés à une impasse dans la conception du travail, et ce sont les personnes comme ce DRH qui creusent la tombe en rajoutant leur propre lâcheté.... beurk !!!
    tu as raison le mot "prétention salariale" est nul, il parle surtout selon moi de l'arrogance d'un système qui se place au-dessus du travailleur et pas à ses côtés !!!
    ohlala ton post m'a mise en colère dis donc...je vais manger du chocolat pour me calmer ;-) !

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    1. Gourmande !
      Mais oui, ça devient affolant. Prochainement, en Suisse, le peuple devra voter pour introduire un salaire minimum qui sera donc 800CHF plus élevé que ce que propose cette entreprise. Ca sent la délocalisation à plein nez si ça passe.
      Mais j'ai bien peur que ça ne passe pas... les Suisse ont votés non au " 6 semaines de vacances" au lieu de 4 il y a quelques semaines.

      Merci pour ton commentaire, je sens que tu vas te gopinfrer de chocolat avec moi (en même temps, faire manger du chocolat à ses lecteurs, c'est bien Suisse ça)

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  3. ayant fait le marché de noel de montreux l'an passé ... j'ai bien vu que vs gagniez bien plus que nous sauf que vs avez aussi bien plus à payer que nous : santé, scolarité etc. donc je comprends que ce salaire divisé par deux c'est l'angoisse ! et que contrairement aux idées reçues : oui en suisse aussi les temps sont plus durs qu'avant ! il ne faut pas mélanger les exilés fiscaux pleins aux as et les suisses natifs qui galèrent comme tout à chacun !

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    1. Bien dit !
      Je n'aurai pas pu l'exprimer mieux !

      Merci pour ton commentaire ♥

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  4. C'est quoi cette DRH ??? Elle fait honte à mon métier. Mais si elle pense ça, d'autres doivent le penser aussi. Mon Dieu quelle horreur.. Courage à ton mari ^^

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    1. Oui oui d'autre le pense aussi (et pas que les DRH) !
      Merci pour tes encouragements ma choupinette ♥

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  5. Quand je vois les tarifs des nounous et crèches en Suisse j'ai plutôt l'impression qu'ils font tout pour que les femmes restent au foyer. Et encore faut-il trouver une place hein. La solution serait de faire garder les enfants par les grands-parents, mais j'ai cru comprendre que ta famille était loin. Bref, je comprends ta galère, je suis dans la même! En tous cas je découvre ton blog et ton style avec plaisir, je reviendrai :)

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    1. *Oh My God, je viens de découvrir ton blog et je me dis là tout de suite que j'aimerai être ta keupine !!! *

      Donc oui, en Suisse, en plus de te proposer des salaires misérables, ils s'acharnent à te faire payer les crèches à un prix exorbitant. Les seules crèches qui sois disant se basent sur ton revenu sont pleine à craquer et franchement me décourage assez.
      Et je vais peut-être être extrême, mais je sais que si j'étais au sociale... crèche gratuite, même si je bosse pas... ça donne super envie de s'en sortir moi je dis !

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